vendredi 3 avril 2015

Notre boulangerie a définitivement fermé ses portes !


Voici la lettre qu’Eric Mercier, notre boulanger, a souhaité envoyer à chacun de nous (nous avons respecté la mise en page voulue par notre boulanger). Rédigée bien avant celle de notre Maire, elle a été distribuée à tous les habitants dans le numéro 2 de notre feuille d’information On a oublié de vous dire. Le sujet est tellement important que nous en avons fait une édition spéciale. En seize mois, c’est le deuxième commerce de L’Hôpital Saint-Jean qui ferme.

Outre la fermeture d’un commerce, la perte de revenus pour son exploitant, il faut aussi noter, et ne pas oublier, qu’un emploi salarié est également perdu.

Il est grand temps de se poser quelques questions.

Merci Eric pour toutes ces années de travail, pour nous, pour la commune, pour le maintien d’un petit commerce en milieu rural.


“Après 15 ans d’activité, et, je crois, de “bons et loyaux services” je suis obligé de fermer mon commerce, qui était aussi le VOTRE.

La décision ne fut pas facile à prendre mais je n’avais pas d’autre choix, et je tiens à m’en expliquer, en espérant que vous lirez tous ces quelques lignes jusqu’au bout.

Tout d’abord, économiquement, dans un contexte général de crise et de morosité, il devenait de plus en plus difficile de maintenir ce “petit commerce”, du fait du manque de clientèle régulière et suffisante (aggravé par la disparition progressive de plusieurs d’entre nous, les personnes les plus âgées), de l’ignorance et du manque d’information d’une trop grande partie de la population.

En effet le maintien d’un commerce en milieu rural exige, surtout et avant tout, une certaine mentalité, un comportement et une SOLIDARITE. Certains en ont fait preuve (Ils sauront se reconnaître) avec fidélité, générosité et “civisme”.

D’autres pas du tout, ignorant mon “petit commerce” et ses services, VOTRE “petit commerce”, le seul de la Commune de ce type.

De plus, l’année 2014 a été celle des “grands travaux” : les travaux d’assainissement qui ont duré 8 mois, avec le bourg fermé, de part en part, sept jours sur sept, auront eu raison, de ma trésorerie. La perte de chiffre d’affaire a été phénoménale. Vous avez tous compris que je n’étais pas et ne suis pas une “multinationale”. Rajouté à cela un dépôt de pains où j’ai perdu plus de 3 000 euros.

Ma décision de fermer est donc une décision de gestion, responsable, pour éviter l’épuisement et un plus grand déclin économique.

J’ai ma part de responsabilités dans cet échec : j’en assume et en assumerai les conséquences.

Mais il ne faut pas se “voiler les yeux” et se cacher la réalité, même si cela est, souvent, plus confortable…

Il va bien falloir que vous vous posiez les bonnes questions.

Sur les 34 dernières années, trois couples ont tenu ce petit commerce : les deux qui sont restés le plus longtemps, M. TURPIN et moi-même ont échoué et fait faillite, ceux qui s’en sont le mieux sortis, Mme et M. FOURNAIRON ont vendu après six ans.

Je ne peux pas passer sous silence le comportement de la Municipalité qui est inadmissible :
Pendant les travaux, pas un seul Conseiller Municipal ne s’est inquiété de savoir si mon petit commerce, VOTRE petit commerce, souffrait en raison des travaux et de leur durée.

La seule question qui m’a été posée était de savoir si je pourrai rattraper mon retard de loyers !

Comment faire : je ne voyais pratiquement plus personne, à part les “irréductibles fidèles” que je remercie encore vivement.

Mais il y a mieux.

J’ai adressé une correspondance, en Lettre Recommandée AR à la Mairie (qui l’a réceptionnée), en OCTOBRE 2014 : elle est, encore, à ce jour, sans réponse.
J’y posais de vraies et légitimes questions auxquelles il devait m’être répondu, ne serait ce que par RESPECT pour moi, habitant imposable de la Commune qui a droit, comme tous, à ce que la DEMOCRATIE s’exerce effectivement : la Municipalité envisageait-elle de m’indemniser du préjudice immense lié aux travaux, de quelle manière ??

Je n’ai pas eu de réponse alors même que mon préjudice était, selon la formulation LEGALE, “anormal et spécial”.

A une époque où les élus - quels qu’ils soient - nous assènent de nouveaux termes très “politiquement corrects” tels que “SURVIE ET ECONOMIE DES TERRITOIRES” (ruraux notamment), “SOLIDARITE”, “VIVRE ENSEMBLE”, etc, etc….. QUELLE EST LA REALITE PRATIQUE ???

La réalité pratique, quotidienne et concrète, est toute autre, toute autre que celle du langage poli et “polissé” des campagnes électorales…… Je n’en veux à personne et m’en vais avec le sentiment d’avoir déployé tous les efforts pour faire VIVRE votre PETIT TERRITOIRE , mon petit commerce, VOTRE petit commerce.

Face à l’hypocrisie et au cynisme il faut savoir dire STOP.

Je remercie toutes les personnes, fidèles, de notre petit TERRITOIRE qui m’on fait travailler, tant pour le pain que pour l’épicerie, et suis vraiment désolé pour elles car ce sont les seules qui ont toujours compris l’intérêt d’avoir un “Petit commerce” dans la Commune.

Elles étaient devenues, au fil du temps, des amis et ne manquerai pas de revenir les voir.

Quant aux autres, la Municipalité y compris, je vous laisse le soin de méditer sur cette conclusion :

“C’était mon entreprise, mais c’était surtout VOTRE commerce, que vous n’avez pas su ni voulu conserver”.

Je pars la tête haute car j’aurai tout essayé.

Votre bien dévoué BOULANGER
Eric”.

1 commentaire:

  1. Je viens de lire cette lettre, ce 4 décembre 2015. La situation de ce courageux boulanger est, sans nul doute, une honte pour la municipalité locale, actuelle; mais comme elle a été élue par une majorité d'habitants de Sarrazac, ils peuvent également se sentir responsables de cette tristes histoire. Ont-ils donc bannis de leur vocabulaire le mot "entraide" ? Quant à cette municipalité, ne devait-elle pas, la première, montrer l'exemple, et le bon ???

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